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Petites lettres dorées
20 octobre 2015

Chapitre 3

Je me réveille avec difficulté. La première chose que je vois ce sont les néons et une pièce blanche, mes oreilles entendent un bip incessant. J’ai mal à la tête et ma jambe me tiraille.

« Elle s’est réveillé ! » dit une voix.

A ce moment tout le monde se redresse et j’aperçois à mon chevet la proviseure et un peu en arrière Nina. Les enfants ne sont pas là. Nina me dit que c’est sa compagne qui s’occupe d’eux. La journée d’hier me revient. Quel moment merveilleux passé avec elle dans notre ancien lit ! On me laisse seule car le médecin arrive. Il m’explique ce qui s’est passé, que j’aurais peut-être quelques séquelles au niveau de la jambe mais rien de très grave.

Je dois rester une semaine à l’hôpital pour faire toute sorte de tests et j’ai deux semaines de congé. C’est pas mal ! Apparemment Ethan s’est bien fait remonter les bretelles par Nina. Le pauvre, déjà qu’il se sent responsable de l’accident. Les enfants viennent me voir tous les jours ainsi que la proviseure. J’ai eu le droit à une boîte de chocolats et un bouquet de roses. Et Nina est venue deux ou trois fois quand il n’y avait personne. Nous parlons de choses et d’autres, rien de très intéressants. C’est une situation relativement gênante. Elle est jalouse de la personne qui m’a offert les fleurs, je n’ai pas osé lui dire qui c’était. Maintenant elle pense que j’ai rencontré quelqu’un d’autre. Alors que c’est faux ! Enfin peut-être mais ça m’étonnerai que ça aboutisse à quoi que ce soit avec la proviseure.

Je sors enfin de l’hôpital ! Ca fait du bien quand même ! Les infirmières étaient toutes très gentilles et j’avais une chambre que pour moi mais je préfère tout de même ma maison ! Nina m’a proposé de garder les enfants une semaine de plus pour que je ne me fatigue pas trop.

Je me lève vers onze heures et je traîne en pyjama toute la journée. Ca c’est la vraie vie !! Je me fais plaisir entre pizzas, hamburger, pâtes ! Ca fait du bien d’être seule.

La sonnerie de la porte me réveille de ma… Longue sieste. Je suis pas très présentable avec mon tee-shirt trop grand et le bas de jogging. J’ouvre la porte et tombe nez à nez avec Mme Blanchet. Elle doit sortir du bahut car elle porte encore un tailleur qui… Lui va très bien ! On va éviter de baver !!

« Bonjour Mme Chambrol ! Je passais par là alors je me suis dit que ça vous ferez plaisir d’avoir un peu de compagnie.

_ Bonjour ! Je suis désolée je ne m’attendais pas à avoir de la visite aujourd’hui. Entrez ! »

Je pars me changer rapidement et je rejoins la proviseure. Je lui sers un verre de vin rouge et nous trinquons. Nous passons une agréable soirée, nous rigolons et buvons un peu beaucoup. Un peu trop même.

« Euh… Mathilde ? demande Aurore timidement.

_ Oui ?

_ Ca t’ennuies pas si je reste dormir, je ne suis pas en état de prendre la voiture.

_ Oui bien sûr tu peux prendre mon lit, moi je dormirai sur le canapé !

_ Non non je ne veux pas te chasser de ton lit. On peut dormir ensemble si tu veux. »

Nous nous sommes endormies paisiblement bien que j’ai du faire un effort surhumain pour ne pas me rincer l’œil !

J’entends du bruit dans la cuisine et une délicate odeur de café vient me chatouiller les narines. Je décide alors de me lever à contrecœur. J’enfile mon peignoir et descend. Je retrouve Aurore dans la cuisine en train de préparer le petit-déjeuner. Elle se retourne et m’accueille avec un grand sourire. Ca me rappelle les matins avec Nina lorsqu’elle avait décidé de me chouchouter. Je reviens à la réalité et prends place en face d’Aurore. Nous continuons à discuter et pendant ce temps nos mains s’entremêlent. Ses doigts caressent la peau de ma main. Je dois bien avouer que ça me fait bizarre. Depuis ma séparation avec Nina, personne ne m’avait touchée. Je me laisse prendre à ce jeu. Peut-être que ce sera qu’une aventure sans trop d’avenir mais j’ai besoin de me changer les idées. Je sens mon cœur battre de plus en plus fort.

Je romps ce doux contact et débarrasse la table. Je tourne le dos à Aurore en mettant la vaisselle dans l’évier. D’un coup, je sens la chaleur de son corps tout près de moi. Je me retourne doucement et elle n’est plus qu’à quelques centimètres de moi. Tout mon être semble figé, je ne respire plus et mon cœur manque un battement. Sa main caresse ma joue, ce qui me provoque un choc électrique, une brûlure mais des plus douces.

« Je n’ai pas l’habitude de faire ça, me dit-elle dans un murmure.

Le visage de Nina me revient en mémoire et je ne sais pas ce que je dois faire : éviter ce rapprochement ou alors continuer. Je ne me permets plus d’être heureuse car la seule que j’aime c’est Nina et pourtant Aurore a réussi à raviver quelque chose en moi. Son regard me fait me sentir désirée, il y a quelque chose en elle qui me plaît mais c’est la proviseur de mes enfants et je ne veux pas qu’ils aient des ennuis. Ethan en a déjà assez. Parfois je m’en veux d’être lesbienne… Mes parents m’ont rejetée et mon fils a des problèmes au lycée par ma faute.

Aurore s’écarte et baisse la tête gênée.

_ Je… Je n’aurais pas dû… Mais… Je pensais que… Je vais te laisser… Au revoir Mathilde, rajoute-t-elle avec un sourire triste.

Elle s’avance en direction de la porte d’entrée. En fait je ne veux pas qu’elle parte, c’est la première fois que je me sens aussi bien depuis la séparation. Je m’en veux de tout gâcher.

_ Attends… je dis en baissant la tête.

Elle s’arrête, la main sur la poignet de la porte. Ses yeux ont l’air de m’implorer, de me supplier.

_ Ca va un peu trop vite pour moi… J’en suis sincèrement navrée… Je voudrais prendre mon temps, tout simplement.

_ Je comprends parfaitement ! Et Je suis prête à attendre ! Enfin… Si tu veux bien de moi, se ravise-t-elle.

_ Bien entendu ! Tu es la seule personne qui arrive à me faire oublier Nina, mon ex-femme.

_ Je me suis doutée que ça allait un peu vite en voyant toutes les photos que tu as encore d’elle… m’avoue-t-elle.

_ Il faut que je les enlève, peut-être qu’un jour, proche je l’espère, je passerai à autre chose et que j’aimerai quelqu’un d’autre, tout en disant ces mots, je la regarde droit dans les yeux.

_ Je l’espère aussi. »

Je m’approche d’elle et pose mes lèvres sur sa joue. Ses mains entourent ma taille et je me blottis contre elle. Elle m’avoue qu’elle a pris sa journée pour passer du temps avec moi. Etait-ce une preuve d’amour ? En tout cas je crois que je suis sous le charme. Je lui dis avec un grand sourire que j’ai envie de passer cette journée rien qu’avec elle. J’ai l’impression d’être retournée à l’adolescence.

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